* REGNAULT, Jean-Baptiste, dit le Baron Regnault (Paris, 1754-1829). "Hercule délivrant Alceste", toile signée en bas à gauche "Regnault f". 82 x 64 cm. Cadre bois et stuc doré d'époque Louis XVI.

Provenance :
vente après décès de l'artiste, le 1er mars 1830, sur place dans l'atelier (expert Charles Paillet), n°
13 (Même sujet dans une moindre proportion).

Oeuvres en rapport :
- N° 11 de la vente après décès, toile, 250 x 200 cm, exposé par Regnault au Salon des sciences et des Arts en 1799 et gravé par Landon pour les Anales du Musée; puis vente à Paris le 14 décembre 1912, étude Dubreuil, n°107.
- N°12 de la vente après décès , une esquisse.

Notre tableau se rattache à celui de même sujet mais de plus grand format aujourd'hui non localisé depuis sa vente en 1912. Il fut exposé en 1799 au Palais des Sciences et des Arts » (au Louvre) et deux ans plus tard, au Salon de 1802 sous le n° 919, ainsi décrit : "Alceste, accusée d'avoir eu part au meurtre de Pélias, fut poursuivie par Acaste son frère, qui fit la guerre à Admète, le fit prisonnier, et allait venger sur lui le crime des filles de Pélias, lorsque la généreuse Alceste alla s'offrir volontairement au vainqueur pour sauver son époux. Acaste emmenait déjà à Yolchos la reine de Thessalie, dans le dessin de l'immoler aux manes de son père, lorsque Hercule, à la prière d'Admète, ayant poursuivi Acaste, l'atteignit au-delà du fleuve Achéron, le défie et lui enleva Alceste pour la rendre à son mari". Jean-Baptiste Regnault compléta lui-même la notice de lors de l'exposition : « J'ai choisi le moment où Alceste n'étant déjà plus dans le séjour des morts, n'est cependant point entièrement rendue à la vie. L'âme qui s'était séparée du corps, rentre dans sa demeure, et va bientôt en ranimer tous les organes : Hercule, vainqueur des obstacles que Pluton lui a opposés, emporte celle qu'il vient d'arracher aux enfers ; il s'en éloigne, et la ramène dans le séjour des vivants » (Landon, Annales du musée et de l'Ecole moderne, tome II, pages 7 et 8).

Le sujet de notre tableau, tiré de la mythologie grecque, fournit à Euripide l'argument de sa plus ancienne pièce de théâtre qui nous soit parvenue (438 av. J.-C.). Alceste, femme d'Admète, roi des Thessaliens, s'offrit volontairement en sacrifice à Hadès, dieu des Enfers, pour sauver son époux de la mort annoncée par les oracles. Ami de ce dernier, Hercule descends aux Enfers afin de la délivrer. Cette histoire avait inspiré Antoine Coypel pour un tableau ovale placé au Château de Meudon (1699-1700, Cholet, Musée d'Art et d'Histoire), mais aussi Charles Antoine Coypel pour un carton de tapisserie (1750, Grenoble, musée de Grenoble), jusqu'à Joseph Franque dans une oeuvre du Salon de 1806 (disparue dans l'incendie du château de Meudon en 1871, esquisse au musée de Valence).

Une esquisse par Regnault, de petit format, est passée en vente chez Sotheby's, Paris, le 18 mars 2010, n°193 (papier marouflé sur toile, 30,5 x 23 cm) et un dessin préparatoire, à Drouot, Mes Ader-Picard-Tajan, le 17 juin 1980, n°14. Comme pour les Trois Grâces , il semble que Regnault se soit constitué une collection (qu'il appelait son "cabinet") de versions réduites, souvenirs de ses grandes compositions; en témoignent les nombreux petits formats passés lors de sa vente posthume.

Comme souvent chez Regnault, la fable mythologique lui sert de prétexte à peindre de beaux nus sensuels.

Provenance : collection particulière
Lot vendu suite décision de justice : Frais acheteur 14,28 % ttc

Estimation : 40 000 € à 60 000 €
Adjugé : 20 000 €