



CAROSELLI Angelo (Rome 1585 - 1653)
Vanité
Toile
71 x 60 cm
Par son cadrage serré, l'image est très directe, avec ce geste intemporel de la femme à la toilette ajustant une boucle d'oreille et ce jeux très moderne du dédoublement de la même figure vue en même temps de dos et de face. Le miroir, accessoire de l'orgueil, permet ici à l'artiste de peindre un tableau dans le tableau. Il nous invite à découvrir alternativement la nuque de cette femme et son visage. On pense à des compositions célèbres de Vermeer, Vélasquez (Vénus Rokeby) Ingres, Hammershoi, Hopper Pourtant, elle appartient bien à son époque, celui du creuset caravagesque romain où toutes les inventions anticonformistes sont possibles. L'iconographie celle des vanités du 17e siècle, ou des Marie-Madeleine s'apprêtant, de Georges de la Tour, de Nicolas Régnier, Bernardo Strozzi par exemple. Le débat au moment de la Contre-Réforme existe: le luxe des toilettes féminines est-il condamnable, ou peut-il s'accorder avec la pureté de l'âme ? Les « femmes fortes » vénitiennes défendirent pendant toute la première moitié du XVII° siècle leur droit à porter vêtements somptueux et bijoux.
Marqué par le naturalisme caravagesque, Caroselli privilégie des iconographies rares ou des façons étranges de les traiter, souvent chargées d'érotisme. Il se montre ici proche des Gentileschi, Orazio et Artemisia qui est à Rome entre 1621 et 1627. On comparera ce sujet à la Vanité de Caroselli conservée à la Fondation Longhi à Florence, dont on a démontré le caractère alchimique, à celle où la jeune femme est de face à la Galerie Corsini à Rome, ou encore à un tableau dans les réserves du musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, où une jeune femme tenant un peigne se voit vieillie et chauve dans le miroir.
Il existe une autre version de cette composition (collection privée), de dimensions à peu près similaires, avec de nombreuses variantes comme le visage qui est souriant dans le miroir ou l'absence du dossier de la chaise, et donnée par Francesca Baldassari à Pietro Paolini (1603-1681). En effet, il est parfois difficile d'identifier formellement les oeuvres de Caroselli de celles de son élève, tant ils sont proches autour de 1625-1630, utilisant tous deux cette magnifique gamme brun -rouge orangée et jaune.
Nous remercions Madame Nikita de Vernejoul d'avoir confirmé l'attribution de cette toile à Caroselli par examen de visu.
Expert : Cabinet TURQUIN, 69 rue Sainte Anne 75002 Paris / +33 (0)1 47 03 48 78
Estimation : 30 000 € à 40 000 €
Adjugé : 51 100 €