Jean-Michel FRANK & CHANAUX & CIE.
Paravent à cinq volets articulés entièrement gainé de parchemin sur piètement plein en retrait et patins de silence (petits manques et déchirures). Estampillé JM Frank et Chanaux & Cie, et numéroté deux fois 13736 et double frappe 3/5. 230 x 62,5 cm (par feuille) - 3 cm
Avec certificat du Comité Jean-Michel Frank en date du 22 janvier 2024

Historique : un certificat du Comité Jean-Michel Frank sera remis à l'acquéreur.

Bibliographie : Léopold Diego Sanchez, Jean-Michel Frank Adolphe Chanaux, Éditions du regard, Paris, 1997, paravent en parchemin à trois volets et petites variantes référencé et reproduit p. 182.

Issu d’une famille aisée installée avenue Kléber à Paris, l’enfance bourgeoise de Jean-Michel Frank ne le prédisposait pas particulièrement à devenir l’un des plus grands décorateurs Art Déco de sa génération. Après un premier chantier amical au début des années 20 pour l’écrivain Pierre Drieu la Rochelle, le futur génie de son époque, qui n’est alors âgé que de 26 ans, s’aménage un hôtel particulier rue de Verneuil à Paris, décapant les boiseries anciennes au jet de sable et recouvrant les murs de son fumoir de brins de paille. Son esthétique ascétique plaît immédiatement et ses recherches sur les nouveaux matériaux tel le gypse, le parchemin, le galuchat et la paille font de lui un décorateur très recherché par les amateurs d’art éclairés des années folles.
En 1926, il assoit sa réputation en réalisant pour l’hôtel particulier de Charles et Marie-Laure de Noailles, situé place des États-Unis à Paris, un fumoir, une antichambre et un boudoir dans un style très novateur au dessin épuré et aux matériaux lumineux. Cet aménagement marque les esprits de l’époque, que ce soit par l’utilisation de peaux de parchemin recouvrant entièrement les murs du fumoir que celle de la marqueterie de paille employée pour le boudoir. Dans ces intérieurs très dénudés, les meubles sont également réduits à leur fonctionnalité première. Il sera d’ailleurs l’un des premiers décorateurs à réintroduire l’usage des paravents ; de petite taille, pour cacher les radiateurs et les pianos, ou bien de taille plus importante, pour créer des espaces à l’intérieur de pièces plus vastes. Pas ou peu de couleur chez Jean-Michel Frank ; la majorité de ses meubles sont beiges, blanc cassé ou crème et la matière est laissée à son état le plus simple et naturel. Il utilise seulement un peu de céruse pour patiner le chêne, de la colle de poisson pour gainer les peaux de galuchat entre elles et un parchemin laissé naturel pour un plus bel effet de réverbération de la lumière.
En 1930, Jean-Michel Frank est nommé directeur artistique de la société Chanaux & Cie, au sein de laquelle il officiait depuis quelques années déjà, associant sa vision au savoir-faire d’Adolphe Chanaux, premier ébéniste d’André Groult. Dans leur galerie du Faubourg Saint-Honoré, ils créent et présentent un nombre très important de pièces tout en collaborant avec des artistes de leur temps qui partagent cette notion de dépouillement et d’épure appliquée au mobilier et aux luminaires. Notre paravent, créé dans la première moitié des années 30, symbolise tout à fait les œuvres de Jean-Michel Frank par la sobriété de son dessin à cinq volets quadrangulaires articulés entièrement recouverts de peaux de parchemin naturel. Sa taille nous laisse bien évidemment penser qu’il s’agit, si ce n’est d’une commande particulière, d’une pièce réalisée pour séparer deux ambiances d’une même salle. L’estampille et la numérotation au revers ainsi que son état de conservation en font aujourd’hui une œuvre artistique de première importance sur le marché si restreint des pièces de Jean-Michel Frank.

Expert : Amélie Marcilhac, avril 2024

Adjugé : 190 000 €