DUCHE de BOURGOGNE, seconde moitié du XVème siècle. "Saint Jean l'évangéliste", statuette en noyer polychromée et dorée, plusieurs strates de polychromie, dont l'originale visible dans certaines zones. H. 44,8 cm (accidents, manques (bras et attribut), restaurations)

Littérature en rapport :
-Sandrine Roser, Véronique Boucherat, La sculpture du XVe siècle en Franche-Comté, de Jean sans Peur à Marguerite d'Autriche, 1404-1530, Lons-le-Saunier, Amis des musées du Jura, 2007 ;
-Sophie Jugie, Les pleurants des tombeaux des Ducs de Bourgogne, Editions Lannoo, 2012, pp. 128-129.

Cette statuette en bois polychromé figurant un apôtre à la belle expression intériorisée est un rare témoignage de l'art novateur qui s'est diffusé dans le duché de Bourgogne au XVème siècle. Bien qu'il ait perdu ses attributs, on peut aisément reconnaitre saint Jean à son visage imberbe. Ses bras manquants présentaient la position traditionnelle du port du calice et le geste de bénédiction, comme on peut le voir sur les figures de saint Jean l'évangéliste de l'église de Peintre (39) (musée des Beaux-Arts de Dole) ou du Städtische Galerie Liebieghaus (Francfort-sur-le-Main). L'oeuvre traitée en ronde bosse, mais au revers simplifié, devait s'inscrire sous une arcature dans un décor de retable, tel qu'on peut le voir à l'intérieur des volets des fameux retables de la Crucifixion et des saints et martyrs de l'ancienne chartreuse de Champmol (musée des Beaux-Arts de Dijon). Notre figure est directement influencée par le style novateur créé par l'imagier au service du Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, Claus Sluter (1355-1406), et relayé par ses successeurs, de Claus de Werve (1380-1439) et Jean de la Huerta (1413 - vers 1462) à Antoine le Moiturier (1425-1497). Ce style qui a laissé durablement son empreinte dans la production bourguignonne du XVème siècle se révèle ici dans le réalisme de la physionomie, le soin apporté au traitement des vêtements aux drapés simplifiés mais qui participent de la prégnance de la figure. Cette simplification des drapés au revers et le mouvement du manteau venant se rabattre vers l'avant, sous le pied droit du saint nous rappellent le traitement des pleurants des tombeaux des Ducs de Bourgogne, comme on le voit à l'arrière du pleurant n°68 par exemple. Si les étoffes semblent un peu plus raides, animées par des plis cassés qui s'inspirent plus spécifiquement de l'art d'Antoine le Moiturier, le visage, d'où émane une certaine mélancolie, s'éloigne des canons des célèbres maitres et marquent l'empreinte plus individualisée d'un artiste anonyme mais connaisseur du canon bourguignon à la mode.
Expert : Sculpture et Collection

Estimation : 6 000 € à 8 000 €