Ivoire, le premier regroupement de maisons de ventes aux enchères en France

Redécouverte d’un dessin historique de MATISSE

Samedi 26 Juin 2021 à 15h

Vente aux enchères du 26 juin 2021 à 14h


Roulé au-dessus d’une armoire où il avait dormi pendant des années, ce dessin historique d’Henri Matisse de 1938, découvert par Jennifer Primpied-Rolland d’IVOIRE MANOSQUE, avait été perdu depuis son exposition dans la grande rétrospective consacrée à l’artiste au Philadelphia Museum of Art au printemps 1948. Tout d’abord offert par l’artiste, il fut ensuite transmis à une religieuse du Couvent des Minimes et par voie de successions diverses à l’actuelle propriétaire, qui ignorait ce qu’elle avait. Pourtant ce grand dessin au fusain et à l’estompe représentant le Portrait d’Hélène Mercier, née Princesse Galitzine, assise, a une véritable histoire que l’expert Agnès Sevestre-Barbé a pu mettre au grand jour.

Henri Matisse (1869-1954)<br />
Portrait d’Hélène Mercier
Henri Matisse (1869-1954)
Portrait d’Hélène Mercier, née Princesse Galitzine, assise, 1938
Dessin au fusain et à l’estompe, signé et daté 22/10/38 en bas à gauche
Porte au dos des indications PH Vaux 2425 et 3116 – D19
65,5 x 50,5 cm
Estimation sur demande


Ce dessin réunit beaucoup d’éléments qui font qu’il est rare sur le marché : un modèle célèbre, une œuvre préparatoire au décor commandé par le milliardaire Rockefeller pour son penthouse de New York, une pièce choisie pour une publication dans les Cahiers d’art en 1939, et par-dessus tout un grand dessin d’une rare qualité, signé, daté, exposé et portant un numéro d’archives du photographe de Matisse figurant au dos.

Un modèle célèbre

Hélène Galitzine-Mercier (1912–1966) fille du Prince Lev Golitsyn et d’Helena Gagarine, était, avec sa compatriote Lydia Delectorskaya, les modèles préférés de Matisse à la fin des années 30. On retrouve Hélène dans Femme nue drapée, 1936, également sous les traits de plusieurs Odalisque que Matisse réalisa début 1937, ou bien encore dans Robe rouge et tulipes violettes, 1937, Le collier d’ambre, 1938, …

Un dessin qui a servi au décor commandé par Rockfeller

On retrouve aussi Hélène aux côtés de Lydia, pour Le chant de 1938, un décor commandé par Nelson Rockefeller pour son penthouse de Manhattan. En 1934, Nelson Rockefeller charge l'architecte Wallace K. Harrison de redessiner son appartement de la Cinquième Avenue. En 1938, Rockefeller s’agrandit, achète deux étages supplémentaires et demande à Harrison des encadrements peints pour les deux cheminées de son salon. C’est Matisse et Léger qui seront choisis pour ce travail. Notre dessin fait partie des œuvres réalisées par Matisse en préparation de cet important projet commandé par le milliardaire. Matisse a l’habitude de faire de nombreuses études pour arriver à l’œuvre définitive. Chaque dessin étant une œuvre essentielle dans son procédé créatif menant Matisse à l’œuvre définitive avec ses formes épurées et simplifiées à l’extrême. Sachant que le premier contact avec le modèle était toujours au fusain, comme en témoigne Lydia Delectorskaya dans le catalogue de l’exposition des musées Matisse de 2010 Lydia D. Muse et Modèle de Matisse, on peut penser que notre dessin au fusain est le premier de la série.

Henri Matisse – Le chant (1938)- DR.
Henri Matisse – Le chant (1938)- DR.


Choisi par les Cahiers d’art en 1939


Notre dessin fut également choisi pour être publié dans les Cahiers d’art en 1939 aux côtés d’un autre dessin représentant Hélène Galitzine-Mercier, réalisé à un jour d’intervalle et tendant déjà à une simplification des traits et des détails.

Notre dessin daté 22/10/1938 publié dans les Cahiers d’art de 1939
Notre dessin daté 22/10/1938 publié dans les Cahiers d’art de 1939
Dessin d’Hélène Galitzine-Mercier exécuté le 23/10/1938 publié aussi dans les Cahiers d’art de 1939
Dessin d’Hélène Galitzine-Mercier exécuté le 23/10/1938 publié aussi dans les Cahiers d’art de 1939


Répertorié par le photographe de Matisse

Les recherches menées par l’expert Agnès Sevestre-Barbé montrent que les indications indiquées au dos de notre dessin, PH Vaux 2425 et 3116 – D19 correspondent au numéro d’archives du photographe Marc Vaux, comme l’attestent les documents ci-contre. Dès les années 1920, Marc Vaux devient « le photographe des peintres » spécialiste des photographies de sculptures, peintures et artistes dans leur atelier.

Archives Matisse - DR
Archives Matisse - DR


Dans cette même vente mais issu d’autres collections, sera proposé un miroir de Line Vautrin, acquis par l’actuel propriétaire directement auprès de l’artiste dans les années 60. Il est estimé 15.000/20.000€.
Ces « Morceaux Choisis » par la maison de ventes, comprennent aussi une splendide sculpture en bronze d’Henri Laurens, Le Ruban, acquise à la Galerie Louise Leiris et provenant d’une collection du Luberon. Lorsqu’on tourne autour de cette œuvre créée en 1937, on comprend le contenu métaphorique de la sculpture : Le Ruban représente l’activité de la force créatrice de la nature, qui sert de modèle à l’homme. Des formes en germe, hésitantes, encore en croissance, se mettent en mouvement. L’œuvre est estimée 25.000/30.000€.

Henri Laurens (1885-1954)<br />
Le ruban, 1937<br />
Epreuve en bronze patiné, signée des initiales, numérotée 0/6, cire perdue C . Valsuani fondeur<br />
Hauteur 23,5 cm<br />
Estimation 25.000/30.000€
Henri Laurens (1885-1954)
Le ruban, 1937
Epreuve en bronze patiné, signée des initiales, numérotée 0/6, cire perdue C . Valsuani fondeur
Hauteur 23,5 cm
Estimation 25.000/30.000€