Un tableau muséal de Maria van Oosterwyck, femme artiste majeure de l’âge d’or hollandais, adjugé 806.000€ à Troyes
Jeudi 22 Avril 2021
C’est une œuvre importante d’une artiste majeure de l’âge d’or hollandais qui a été adjugée 806.000€ frais compris par IVOIRE TROYES dans sa vente du 26 mars 2021.
Maria van Oosterwyck (1630-1693) fut l’une des rares femmes peintres reconnue par ses contemporains. Sa renommée était telle qu’elle aurait reçu des commandes du roi Louis XIV, de l’empereur d’Autriche Léopold, du roi de Pologne ou encore de Guillaume III d’Angleterre. On constate d’ailleurs que deux de ses tableaux sont conservés à Hampton Court et qu’une Vanité avec un globe céleste, visible au Kunsthistorisches Museum de Vienne appartint bel et bien à l’empereur d’Autriche. Les musées de Copenhague et de Dresde conservent aussi des œuvres de la même facture que la nôtre. Quant au Joslyn Art Museum, Ohama, Nebraska, il fit l’acquisition d’une toile plus petite en juin 2019.
Déjà dans un catalogue de vente du 22 avril 1818, dans laquelle figurait une nature morte de l’artiste, on pouvait lire le commentaire suivant :
"Aucun artiste de ce genre n'est arrivé à ce degré de perfection ; elle n'a jamais eu de rivaux tant pour la composition que pour le coloris et le fini précieux. Le peu de tableaux qu'elle a pu finir, vu le travail qu'elle y mettait, sont enfermés avec soin dans les meilleures collections de l'Europe".
Mais revenons à son parcours : Maria van Oosterwyck séjourna à Leyde en 1658, puis à Utrecht en 1660 où elle rejoignit le grand peintre de natures mortes, Jan Davidsz de Heem. En 1666, elle s’établit à Amsterdam, dans un atelier situé sur le prestigieux Keizersgracht à côté de celui de Willem van Aelst, dont elle aurait éconduit les avances, si l’on en croit son biographe Arnold Houbraken. Elle doit sa notoriété à la fois à la richesse de ses vanités aux nombreux éléments élégamment disposés mais aussi à la finesse de ses bouquets aux couleurs lumineuses contrastant sur des fonds sombres.
Dans ce bouquet éblouissant, Maria van Oosterwyck associe des espèces ne fleurissant pas en même temps, choisies pour leurs formes et leurs couleurs. Pour les peindre avec exactitude elle s’aide de ses études à l’aquarelle. Le bourdonnement de divers insectes, libellule, bourdon, papillon, anime l’ensemble. Enfin elle ajoute à ce foisonnement une nature morte faite de 9 coquilles, spécimen exotiques rapportés aux Pays-Bas par la Compagnie des Indes, et représentées de façon méthodique, prenant soin d’en montrer diverses faces. Le nombre de coquilles ajoute une dimension à la qualité de l’œuvre, le tableau du musée de Dresde n’en présentant que 3, celui de Copenhague 4 et celui de Hampton Court une seule.
« Mais attention, ce foisonnement est éphémère, la pivoine, trop lourde, va bientôt perdre ses pétales et le papillon se poser, nous rappelant la fugacité de la vie et l'inévitable passage par la mort qui, seul, mène à la résurrection » explique l’expert Stéphane Pinta qui rappelle que Maria van Oosterwyck, issue d'une famille protestante, mena elle-même une vie de dévotion et sauva plusieurs prisonniers chrétiens réduits à l' esclavage par les hérétiques en les rachetant.