Ivoire, le premier regroupement de maisons de ventes aux enchères en France

LE GROUPE IVOIRE

Présent dans 15 villes de l’hexagone, IVOIRE est le regroupement de maisons de ventes aux enchères le plus important en France et le seul à se positionner comme une entité puissante en région depuis 20 ans.

Une œuvre de Hendrick ter Brugghen chez IVOIRE Saint-Etienne

Vendredi 18 Octobre 2024
Provenant d’une famille qui détenait ce tableau depuis plus d’un siècle, remarquable par sa lumière et nombre de ses détails, cette œuvre de Hendrick ter Brugghen, que l’on situe vers 1627, est à rapprocher de deux autres représentations du sujet par l’artiste, l’une est conservée à la Gemäldegalerie de Berlin et la deuxième version est au musée Thyssen-Bornemisza à Madrid. Cette scène de l’Ancien Testament, Esaü vendant son droit d'aînesse, qui rassemble trois personnages autour d’une chandelle, permet un dialogue expressif et silencieux entre les deux frères, souligné subtilement par les jeux de lumières créés par la chandelle.

Hendrick Ter Brugghen est probablement né à La Haye en 1588. Elève de Abraham Bloemaert à Utrecht, il part à Rome vers 1607 afin de parfaire son apprentissage. Il y découvre les peintures du Caravage, d’Orazio Gentileschi, de Bartolomeo Manfredi, et surtout de Carlo Saraceni. En 1614, de retour à Utrecht, il est le premier des grands caravagesques nordiques à réintégrer sa patrie et à y faire connaître cet art nouveau instauré par Caravage.

De religion protestante d’après les archives, Ter Brugghen n’était pour autant pas hostile aux sujets catholiques. De son début de carrière nous ne connaissons malheureusement rien et seules les œuvres réalisées après son retour de Rome sont connues. Sa première œuvre datée et acceptée unanimement est l’Adoration des Mages réalisée en 1619 et conservée au Rijksmuseum (voir L. J. Slatkes et W. Franits, The paintings of Hendrick Ter Brugghen, Amsterdam, 2007, n°A10, reproduit pl. 10) où l’on retrouve par ailleurs dans les traits du jeune garçon de droite de fortes similitudes avec le Jacob de notre tableau.

La réalisation de notre tableau se situe vers 1627, date où Rubens vient visiter la ville d’Utrecht. L’oeuvre est très proche du Concert de la National Gallery de Londres : même triangle, même lumière (voir opus cité supra, n°A79, reproduit pl. 78).
Il est remarquable par nombre de beaux détails : le père quasi aveugle sorti de la composition, la beauté des visages tournés vers la flamme, le jeu des mains qui concentrent l’action, le somptueux drapé rouge de Jacob, la touche ondulée des corps et des vêtements, et ces visages d’une rare beauté des deux garçons synonymes d’enfance et de concentration.

On peut aussi noter la présence de nombreux repentirs dans ce tableau si proche et si loin de Georges de La Tour.
Hendrick ter Brugghen demeure fidèle à Utrecht jusqu'à sa mort et, malgré les tentatives de son fils Richard pour faire honorer la mémoire de son père, il restera longtemps oublié. Depuis les années 1960, les historiens d'art s'emploient à resituer son œuvre dans le cadre de la redécouverte de Caravage et du caravagisme.