Lot 23
Harris Léon Laisne, type R-10 CV, Année 1931, Numéro de série 544, châssis tubulaire à...





















Harris Léon Laisne, type R-10 CV, Année 1931, Numéro de série 544, châssis tubulaire à quatre roues indépendantes, suspension par leviers et ressorts en spirales, moteur 4 cylindres de marque SCAP de 1700 cc d'une puissance de 10 CV, boite 3 vitesses et freins à câbles. Le radiateur a été refabriqué par AR8 Automobiles à Clermont-Ferrand. Il n'est pas conforme à l'origine qui épousait la forme du bloc. La pipe d'échappement est en Zamak (alliage de zinc, aluminium, magnésium et cuivre). Les pneumatiques sont neufs et les jantes sont en parfait état. Le soubassement est impeccable et le châssis a été entièrement repeint. Plus d'informations dans le rapport d'expert. Ce modèle coutait 45 00 francs en 1931 quand une Citroën C4 berline coutait 27 100 francs ! A noter que la construction de la caisse, 4 places, n'est pas celle indiquée sur la carte grise réalisée le 18/10/1946 qui indique un type « commerciale 2 places ». On retrouve d'ailleurs une trace de cette voiture immatriculée en commerciale sur une photo qui la montre avec une galerie sur le toit. Avant-guerre, les utilitaires portaient sur une aile le nom du département dans lequel ils avaient été immatriculés. En l'occurrence ici les hauts de Seine. La voiture a été exposée à Rétromobile 2016 en état d'épave. La fondation du Patrimoine et Motul ne s'y sont pas trompés. Elles ont financé une partie de sa restauration (carrosserie, sellerie, dossier factures). Aujourd'hui le propriétaire de cette pièce probablement unique (Une copie d'une lettre de Madame Sylvianne Laisne, jointe au dossier, stipule que cet exemplaire est unique) est âgé. Il souhaite passer le flambeau a un nouveau propriétaire averti qui la remettra en route (réfection du bas moteur et rénovation du circuit d'eau) pour la petite (on retrouve cette voiture dans le roman «L'amant » de Marguerite Duras qui y aurait connu ses premiers émois amoureux) et la grande histoire.
Rapport d'expertise et vidéo sur demande, expertise statique sans essai routier.
NB : Les véhicules français de plus de 75 ans et d'un montant supérieur à 50 000 euros nécessitent l'obtention d'un passeport d'exportation en cas de sortie hors territoire français et une licence d'exportation en cas de sortie hors territoire européen.
Histoire de la marque et du modèle :
Produite de 1927 à 1933 en environ 150 exemplaires, les automobiles Harris Léon Laisne représentent une marque ultra confidentielle connue par un petit nombre d'initiés. C'est dommage car Léon Laisne, fasciné par l'émergence du moteur à explosion à la fin des années 1890, dépose dès 1913 un brevet pour un châssis tubulaire doté d'une suspension indépendante à bras, avant Vincenzo Lancia et sa Lancia Lambda qui révolutionna le monde de l'automobile des années 20. La guerre mettra un terme à son usine de Douai qu'il abandonne. Après la première guerre, il s'installe à Nantes et produit de nouveau des voitures, notamment sa type A doté d'un châssis à quatre roues indépendantes et d'un dessin original. Il se fournit chez Ballot ou Chapuis-Dornier pour le moteur 4 cylindres. En 1926, associé a un riche anglais, du nom de Murray Harris, il fonde la société Automobiles Harris Léon Laisne et entend produire des automobiles plus luxueuses dotées de 6 cylindres Scap, Hotchkiss, voir même de 8 cylindres Chapuis-Dornier. Ces différents moteurs équiperont la Type V au grès des commandes. Très basses (on dirait une DS !) équipées de freins hydrauliques, très confortables, parfois habillées de carrosserie Million-Guiet, ces voitures dénotent dans le paysage automobile de la fin des années 20. Fabriquées a l'unité, la production ne permet pas d'atteindre le seuil de rentabilité et quand la crise de 29 produit ses effets la marque est au bord de la faillite. Une dispute entre les associés n'arrange pas les affaires de la société. Resté seul aux commandes, après 1931, Léon Laisne poursuit l'étude de prototypes et assure l'entretien des Harris Léon Laisne encore en circulation. Ce qui devait arriver arrive. En 1937 la production automobile s'arrête et l'usine de Nantes fermera en 1940.
Estimation : 65 000 € à 75 000 €