


















LAMI, Eugène (1800-1890). "Episode de la Fronde". Le prince de Condé échappe aux troupes royales et entre dans Paris par la porte Saint Antoine grâce à l'intervention, depuis la bastille, de la Grande Mademoiselle, le 2 juillet 1652. Aquarelle 13 x 27 cm. Cette aquarelle s'inscrit dans le travail demandé par le duc d'Aumale à Eugène Lami autour du Grand Condé.
Eugène Lami .
Episode de la Fonde
A première vue, on pourrait signaler cette petite aquarelle en ces termes : Ecole française, Cavaliers et fantassins… et passer à autre chose.
Pourtant, si on s'interroge sur la scène représentée, la tenue de mousquetaire du personnage central nous la rattache aux règnes de Louis XIII ou de LouisXIV.
En revanche, la date de création de l'œuvre se situe, par sa facture, plutôt au XIXème. Cette appréciation est confirmée par le cachet sec du support papier Viladon-Mongolfier (Ancienne marque de la Maison Canson). Ces deux remarques vont orienter notre recherche.
D'abord le sujet :
Ce n'est ici ni un défilé, ni une marche triomphale pas plus qu'une colonne de prisonniers. Il s'agit plutôt de soldats qui cheminent en désordre sans but évident. On comprend alors que l'artiste évoque un événement historique bien précis : À l'arrière-plan se découpe une forteresse qui ressemble fort à la Bastille. Les soldats se présentent, par leurs tenues, comme français pour certains (cavaliers et mousquetaires) mais aussi comme espagnols (fantassins avec les longues piques). Enfin, le personnage principal, avec son profil émacié et sa barbiche pourrait faire penser au Grand Condé…
Ces éléments observés et juxtaposés permettent d'identifier un épisode de la Fonde des Princes : Le 2 Juillet 1652, Le Grand Condé, cousin du Roi, lutte contre les troupes royales menées par Turenne. Ce dernier accule son rival contre les remparts de Paris et s'apprête à détruire son armée, quand, depuis les tours de la Bastille, la Grande Mademoiselle, cousine du Roi, fait donner le canon contre la cavalerie royale, à la stupeur de Louis XIV et Mazarin qui observent la scène depuis les hauteurs de Charonne. Elle ordonne, ensuite, l'ouverture de la porte Saint Antoine, permettant opportunément à Condé et ses hommes de trouver refuge dans la capitale. Notre aquarelle décrit précisément cette entrée des troupes de Condé dans Paris, sauvées d'extrême justesse.
Il est à noter que ce 2 juillet, après une journée torride, un orage éclata sur la capitale. L'artiste n'a pas manqué d'évoquer cette pluie que l'on peut observer sur les manteaux des soldats ou les reflets sur le sol. Indéniablement, notre artiste, connaît tous les détails de cet épisode historique, au demeurant largement méconnu.
L'artiste ensuite :
Ainsi, le peintre qui nous occupe est un fin historien, par l'habileté avec laquelle il représente les chevaux, on peut le rattacher au groupe (relativement fermé) des peintres de chevaux, mieux encore, les attitudes qu'il prête aux cavaliers prouvent qu'il monte, lui-même, à cheval. Enfin la touche mouchetée et vibrionnante du pinceau sur le papier ne laisse plus de doute. Ces caractéristiques convergent pour attribuer cette aquarelle au peintre Eugène Lami (1800-1890).
A cela, s'ajoute qu'il avait comme protecteur le duc d'Aumale, héritier du château de Chantilly et de la mémoire de la maison Condé. Notre esquisse pourrait être une première ébauche d'un tableau plus important qui, à notre connaissance, n'a jamais été réalisé (peut être parce que cet épisode n'est pas totalement à la gloire du Grand Condé !).
Estimation : 250 € à 300 €
Adjugé : 450 €