WINNERL
Pendule murale de J.T.Winnerl, vers 1850, à réserve de marche d'un mois (poids moteur mouflé). Cadran en émail blanc chiffres romains signé et numéroté " WINNERL 381 ", deux aiguilles " goutte " en acier bleui. L'ancre de son échappement est solidaire de la suspension, ainsi qu'imaginé par Joseph Thaddeus Winnerl, supprimant les frottements liés à la " fourchette " et à ses pivots. Cette ancre, dans l'esprit de Graham pour la forme, est à levées demi cylindriques en rubis, dites " à rouleau ", perpendiculaires à la roue d'échappement ; ces levées sont maintenues par un ressort solidaire de l'ancre, permettant d'éviter de forcer la roue d'échappement ou de casser les rubis. Balancier est compensé neuf tiges à réglage dans la lentille (compensation thermique acier et laiton). L'ensemble potence-suspension du balancier est solidaire de la caisse. Le mouvement est rapporté après la pose du balancier sur la potence ; il est fixé sur des piliers solidaires de l'ensemble potence et goupillé. La caisse est en acajou plein à filets et cul de lampe à ressaut typique du début du style second Empire. Bon état général. Ce chronométrier autrichien établi à Paris, élève de A.L. Bréguet, jouit d'une excellente renommée liée à la grande qualité de ses travaux. H. 111 - L. 34 - P. 16 cm

Selon la tradition familiale : Le même régulateur a été fabriqué pour Napoléon III et celui-ci proviendrait du duc de Morny.

Un régulateur de Breguet ayant appartenu à Winnerl a été vendu en cette étude le 5 décembre 2018
Expert : M. Denis CORPECHOT assisté de Madame Emmanuelle GALAND

" Joseph Thaddeus WINNERL voit le jour le 25 janvier 1799 dans le village de Müreck, duché de Steyermark, au sud de l'Autriche actuelle, non loin de la Slovénie. Dans les années 1808-1810 cette famille part à Marburg, Hesse, au centre de l'Allemagne.
En 1823, Joseph séjourne à Breslau (Prusse) et étudie l'horlogerie. Puis nous le retrouvons à Altona, près de Hambourg, duché de Holstein. Là, il reçoit l'enseignement de l'horloger H. J. Kessels. Ensuite, il va à Copenhague. Il y complète sa formation auprès d'Urban Jürgensen qui dirige un établissement de montres et horloges et exerce les fonctions de conseiller de l'Etat en matière d'horlogerie. Puis Winnerl part à Paris rejoindre un des plus grands horlogers de l'époque, Louis Antoine Breguet (1776-1858). Notre Autrichien s'établit dans la capitale, peut-être le 2 juillet 1829. Il se lie avec Julien Hilaire Rodanet (1810-1884), futur chronométrier. Vers 1829-1830 il remporte un premier prix à un concours. On le signale vers 1832 passage Laurette (actuelle rue Bara).
En 1831, il imagine un système de compteur à secondes : l'aiguille pouvait être arrêtée et ensuite revenir au point ou elle aurait du se trouver si on l'avait laissé marcher. Il fonde ensuite son propre établissement.
En 1835 Winnerl reçoit la médaille d'or du jury de la Société d'Encouragement. Il est le premier à manufacturer les chronomètres en France. Winnerl crée un autre compteur en 1840 puis se spécialise. Il fabrique dans son atelier des chronomètres ou horloges de marine.
Il expose ses travaux dans quelques mémoires. En 1844, " Modification apportée à l'échappement a ancre pour les pendules ", un mécanisme qui réduit le nombre d'organes et de frottements.
En 1844, il devient chevalier de la Légion d'Honneur et la Société d'Encouragement publie ses remarques sur les pendules à aiguilles dédoublantes et rattrapantes.
En 1847, i1 écrit " Réflexions sur les oscillations du pendule conique ".
En 1850, Winnerl devient horloger de l'Observatoire et reçoit la rosette. La réputation de Winnerl n'était plus à faire : horloger de marine, président du comité d'Horlogerie de précision, premier président de la société des horlogers fondée en 1856. En 1855 il reçoit une des huit médailles d'or pour l'horlogerie à l'Exposition Universelle. La dignité d'officier de la Légion d'Honneur lui fut décernée pour " la parfaite exécution de ses chronomètres ".
En 1858, il met au point un compteur garde-observation.
En 1859, Winnerl est présenté et élu comme conseiller municipal de Paris sous Napoléon III. Il le restera jusqu'à la fin du second Empire. 2/3"
Il réalise la première pendule dite à interrupteur électrique, placée en janvier 1868 dans les caves de l'Observatoire. Le mécanisme fut définitivement adopté pour les pendules-régulateurs. L'établissement de Winnerl se trouvait avenue de l'Opéra. Winnerl vendit en 1870 son affaire à Callier. "
Winnerl meurt à 87 ans en 1886.
Sources :
- DURET (Ph.), J. T. Winnerl chronométrier, in ANCAHA n° 35, Automne-Hiver 1982
- Archives Nationales, BB 11 408 : naturalisation.
- AstronomischeNachrichten, VII 1829.
- Compte rendu hebdomadaire de l'Académie des Sciences t. V 1837 p. 120 : " Le
thermometographe métallique " ; t. XXV juillet-décembre 1847 : " Par le pendule cônique " ; t.
IXXXII 1876 p. 834 : " Le balancier compensateur ".
- Dictionnaire de Tardy, 1971.
- Exposition universelle de 1889. Congrès International de Chronométrie. Compte rendu des
travaux, p. 78 : réflexions sur le frottement, travaux de Winnerl à l'Observatoire etc.
- FERRET (E.), Les Breguet, s.d.
- GOULD (R.T.), The Marine chronometer, 1825, p. 193.
- Recherche chronométrique, 1859.
- Revue chronométrique :
1857-1859 (t. 3.4.) : mémoires de Winnerl sur les pendules de précision, sur l'échappement Duplex.
1860 : compteur de secondes et compteur garde, observation, p. 216 à 220. Pour 1864 : p. 340.
1866-1867 (6) p. 69 à 71 : échappement à force constante.
1876-1877 (9) p. 61, 142-6, 1349 : balancier compensateur.

Estimation : 3 000 € à 5 000 €
Adjugé : 11 000 €