





1891-1952 - GYP, RACHILDE ET MARIE NOËL : 3 FEMMES DE LETTRES
* 1891 - GYP (COMTESSE DE MARTEL) — NOTE AUTOGRAPHE SUR "C'EST NOUS QUI SONT L'HISTOIRE !"
Feuillet de papier crème plié, soit 3 pages in-12 (12,5 × 17 cm) manuscrit à l'encre violette d'une écriture nerveuse avec de nombreux soulignements. Bon état : un pli central et de légères traces d'usage.
Contenu :
Le feuillet porte le titre de sa pièce, parue en 1891 : "C'est nous qui sont l'histoire !", puis situe une scène "au Champ de mars, dans le grand salon, autour de la table où on regarde dans des glaces le plafond de Besnard". Sont cités : l'épouse du ministre, le ministre, M. Benjamin L'Oie-Justeloie, Mme Dabandon, Folleuil et "quelques seigneurs officiels". La note se termine par : "J'enverrai l'article Lundi." Cette pièce de théâtre a en effet été publiée par épisode dans la revue "La Vie parisienne".
Contexte historique :
Gyp, pseudonyme de Sibylle Riqueti de Mirabeau (1849-1932), romancière et chroniqueuse de la Belle Époque, est l'une des rares femmes de son temps à exercer une critique acerbe des milieux du pouvoir avec humour et mordant. Issue de l'aristocratie, elle utilise son accès aux salons parisiens pour en dénoncer les vanités, l'hypocrisie et les ambitions déguisées. Son ironie cinglante, notamment dans cette pièce "C'est nous qui sont l'histoire !" moque les élites républicaines qui se croient au cœur du destin national.
** 1890-1910 - RACHILDE - BILLET AUTOGRAPHE SIGNÉ
Billet autographe signé de Rachilde, sur papier mauve in-16 (9 × 11,5 cm) - Bon état de conservation, avec légères traces de manipulation sans altération du texte.
Contenu :
Dans ce court mot, Rachilde informe son correspondant qu'elle lui fait envoyer des volumes. Elle précise qu'elle se trouve à la campagne pour huit jours avec son mari, Alfred Vallette, et s'excuse d'écrire brièvement en raison de problèmes aux yeux.
Contexte historique :
Rachilde (1860-1953), pseudonyme de Marguerite Vallette-Eymery, est une écrivaine française associée au mouvement décadent et symboliste. Elle fut l'une des figures majeures du Mercure de France, dirigé par son mari Alfred Vallette (1858-1935). Actrice influente des cercles littéraires de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, elle publia de nombreux romans et chroniques, marquant durablement la vie intellectuelle parisienne.
*** 1952 - MARIE NOËL - LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ROBERT HOUDELOT
Lettre autographe signée de Marie Noël, 1 page formant enveloppe in-12 (14 x 18,5 cm), adressée à Robert Houdelot, le 8 mars 1952. Très bon état général, pli central d'expédition, écritue parfaitement lisible.
Contenu :
Marie Noël remercie son correspondant de l'envoi d'un poème mis en musique. Avec sa franchise coutumière, elle affirme préférer le texte à sa version musicale : "Je n'aime pas beaucoup que la musique s'empare d'un poème parfait. Elle a tout à faire avec ceux qui sont médiocres. Elle n'a rien ajouté au vôtre et j'ai préféré le relire sans elle. Il est beau. Il se suffit." Elle insiste sur la joie éprouvée à cette lecture et ajoute, avec chaleur : "Je vous remercie de me l'avoir remis sous les yeux - et je vous remercie en même temps du petit mot charmant que vous y avez joint."
Contexte historique :
Marie Noël (1883-1967), de son vrai nom Marie Rouget, est l'une des grandes poétesses catholiques françaises du XXe siècle, célébrée pour son lyrisme spirituel et son enracinement bourguignon. Née et morte à Auxerre, elle connut de son vivant une large reconnaissance, notamment avec le Grand Prix de Poésie de l'Académie française en 1962. Ici, elle écrit à Robert Houdelot (1912-1997), auteur de recueils de poésie et d'essais sur la littérature de son temps, qui entretint des liens avec de nombreux écrivains contemporains.
Intérêt des documents :
De la satire mordante de Gyp à la modernité décadente de Rachilde et au lyrisme spirituel de Marie Noël, ces trois autographes composent, de la Belle Époque à l'après-guerre, un panorama vivant de l'écriture féminine française.