1639 - MARIE DE ROHAN, DUCHESSE DE CHEVREUSE - LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE AU SUJET DE FAVEURS ROYALES


Lettre autographe signée de Marie de Rohan sur papier vergé fin in-8 (14,5 x 19,5) à un destinataire non identifié à propos de grâces du Roy. Bel état de conservation, plis d'envoi anciens, déchirure sur l'adresse et restes de cachet de cire rouge, petits trous négligeables sur la formule de politesse, écriture relativement lisible.

Contenu :
La duchesse de Chevreuse adresse une lettre de remerciement à un correspondant proche de la cour. Elle exprime sa reconnaissance pour les grâces obtenues pour elle du Roi et assure de sa détermination à les mériter : "je n'ay point de parolles pour vous remercier assez dignement des graces que vous avez obtenues pour moy du Roy mais iay les resolutions que ie dois de les meriter par mes très humbles prieres..." Elle précise qu'un intermédiaire chargé de ses affaires expliquera les raisons qui l'empêchent "d an aller iouir aussi tost que ieusse desire" et conclut par une formule de soumission et de fidélité : "... espere que vous me ferez l'honneur de croire les assurances que ie vous donne destre toute ma vie
monsieur, votre très humble et très affectionnee servante."

Contexte historique :
En avril 1639, Marie de Rohan (1600-1679) vit encore en exil après avoir été impliquée dans plusieurs intrigues contre le cardinal de Richelieu. Depuis la déclaration de guerre de la France à l'Espagne en mai 1635, les relations de la reine Anne d'Autriche avec son frère, le roi Philippe IV, sont devenues suspectes. En 1637, la découverte de leur correspondance secrète provoque un scandale majeur : la reine doit s'humilier publiquement, tandis que la duchesse, proche d'Anne, s'enfuit en Espagne pour éviter l'arrestation. En 1638, après un passage en Angleterre où elle retrouve d'anciens alliés, elle revient s'installer dans les Pays-Bas espagnols, principalement à Bruxelles, lieu stratégique qui lui permet de rester proche de la France tout en continuant à manœuvrer dans les jeux diplomatiques. Cette lettre du 29 avril 1639 s'inscrit dans ce contexte d'exil : la duchesse, surveillée et affaiblie politiquement, ne ménage pas ses efforts pour se rapprocher de la cour et, peut-être, préparer son retour en France.

Intérêt du document :
un témoignage remarquable des efforts de négociation de Marie de Rohan pendant ses années d'exil, au cœur des tensions politiques de la monarchie louis-treizienne. Une lettre tout-à-fait typique des correspondances secrètes d'une figure majeure des intrigues politiques du XVIIe siècle.