






Jacques DUMONT, dit LE ROMAIN (Paris 1701 - 1781)
"Le Sommeil entouré de songes agréables"
"Aurore accompagnée de petits zéphyrs"
Paire de toiles
Dim.76 x143 cm
(Restaurations anciennes et petits manques).
Le premier signé en bas à gauche : J. Dumont le Rom.
Visible uniquement au cabinet Turquin
Bibliographie : Fernand Engerand, Inventaire des tableaux commandés et achetés par la Direction des batiments du Roi (1709-1792), Paris, Ernest Leroux éditeur,1901, p.173. Marie-Louise Bataille, in Louis Dimier, Les peintres Francais du XVIIIe siècle, tome second, éditions van &est, 1930, p. 233 (simple mention).
Xavier Salmon, "le goût de Marie-Josèphe de Saxe, Une femme sous influence Marie-Josèphe de Saxe et les arts à Versailles", in catalogue de l'exposition, Slendeurs de la cour de Saxe : Dresde à Versailles, Versailles, Musée national du chateau de Versailles, Dresde, Kunstsammungen, Paris, RMN, 2006, pp.109-119, nos tableaux p.109 et note p.119.
Lors de l'aménagement des appartements au rez-de-chaussée du chateau de Versailles, dans le corps central nord donnant sur le parterre du Midi, pour le dauphin et sa famille, une commande est passée, en 1747, par le directeur général des batiments du roi, Le Normant de Tournehem, à plusieurs peintres : Collin de Vermont, Restout, Oudry et Dumont le Romain. C'est à ce dernier qu'il s'adresse pour les deux-dessus de porte destinés à la chambre de dauphine Marie-Josèphe de Saxe, seconde épouse du dauphin Louis de France, fils de Louis XV (Archives Nationales, O1 1934A), d'ou leurs thèmes liés au sommeil. Ils sont payés en 1748, mais ne semblent pas avoir été accrochés, ni retenus par l'administration qui leur préfère pour cet emplacement deux épisodes de l'histoire de Psyché par Carle Van Loo (toujours en place aujourd'hui). L'administration des batiments du roi privilégiait ainsi des sujets littéraires nobles, tirés de Jean de la Fontaine, à nos allégories plus impudiques pour une chambre princière (voir Salmon, op. cit.) .
Jacques Dumont appartient à la génération née autour de 1700, qui avec Francois Boucher, Charles-Joseph Natoire et Carle van Loo crée et impose le style rocaille. Nos tableaux sont caractéristiques de ce courant rococo du milieu du 18e siècle, par les jeux de courbes, le mouvement virevoltant des figures, la profusion des putti et des guirlandes de fleurs, d'anges chérubins symboles de l'amour, servis par une luminosité claire et limpide. A la date de leur réalisation, le critique Etienne La Font de Saint-Yenne dans ses Réflexions sur quelques causes de l'Etat présent de la peinture en Frane, déplorait que les appartements du temps, à cause de la place prise par les miroirs et les boiseries sculptées, ne laissaient à la peinture que les emplacements étroits aux dessus des portes.
Fils du sculpteur de la cour de Lorraine Pierre Dumont, notre artiste choisit d'être peintre d'histoire et de mythologie, à l'inverse de son frère Francois qui opte, lui, pour la sculpture. Il réalise des portraits et quelques scènes de genre. En 1725, après son admission à l'Académie royale de peinture et de sculpture, il part à Rome pour compléter sa formation. De retour en France, il expose aux salons de 1727 à 1761. Il obtient d'importantes commandes pour le chateau de la Muette. De 1731 à 1755, il donne des cartons aux liciers de la Manufacture d'Aubusson. Poursuivant le cursus académique, il est nommé professeur des élèves protégés, puis chancelier de l'Académie en 1768.
Nous remercions Madame Chantal Mauduit d'avoir examiné cette paire de tableaux qu'elle inclura dans son catalogue raisonné de l'artiste.
1-Nos tableaux ne sont plus ensuite mentionnés dans les archives et ont probablement été rendus à leur auteur. En 1751, dans sa "Nouvelle description des chateaux et parcs de Versailles et de Marly, Paris, Desprez et Cavelier, 2 vol., publiée par Piganiol de La Force, celui-ci cite des tableaux de Carle Van Loo dans la chambre de la Dauphine à la place qui avait été prévue pour les Dumont. A la Révolution, il n'y a pas de mention de nos tableaux de Dumont, alors que les dessus-de -porte de Collin de Vermont, Restout, Oudry sont mentionnés. Ceux-ci sont stockés dans le théatre royal, puis envoyés et inventoriés au Louvre, déposés à Fontainebleau et ne sont renvoyés à Versailles qu'en 1958.
Estimation : 30 000 € à 40 000 €