Les archives de Sèvres mentionnent 27 coupes Chenavard, du nom d’Aimé Chenavard qui en eut l’idée alors que la conception et le décor en revient au sculpteur Hyacinthe Regnier. Celle présentée dans la vente de novembre prochain chez IVOIRE Troyes est la quatrième connue sur le marché sur les 27 produites. Elle apparaît après celle conservée au Musée du Louvre, et celle du Metropolitan Museum of Arts de New York, la troisième étant en main privée.

Ces coupes semblent toutes avoir fait l'objet de cadeaux diplomatiques de la part du roi Louis-Philippe qui en offrit une au Shah de Perse en 1839 ou encore à l'aristocrate anglais Standish- Standish dont le roi était proche de la famille. D'autres personnes furent aussi honorées, des artistes comme les peintres Vernet, Ingres et Couder ou des personnalités telles que le capitaine de vaisseau Laplace, ou l'ingénieur et éditeur Gavard. La nôtre vendue le 23 novembre a été donnée en cadeau au notaire Tourin qui offrit à Louis-Philippe plusieurs tableaux de la fin du XVIIème siècle pour son musée d'histoire créé au château de Versailles. Elle fut découverte par Léonard Pomez au milieu d’autres objets sans grande valeur, dans la succession d’un amateur de porcelaine qui l’avait acquise dans les années 70.

La coupe Chenavard est une pièce ostentatoire par son décor sophistiqué et relativement coûteuse parmi les productions de la Manufacture, qui l’a produite entre 1837 et 1848. Ses mentions dans les registres sont toujours associées à l'entourage royal. Ces créations sont influencées par le maniérisme bellifontain du XVIe siècle alors à la mode dans les arts décoratifs des années 1830-1840.
C’est le décor du centre de la coupe qui nous guide dans les archives pour différencier les cadeaux royaux car elles ont toutes des différences dans le motif de frises ou de fleurs : lierres polychromes pour la Reine, seulement entrelacs or pour Standish-Standish, attributs marins pour celle offerte au capitaine de Vaisseau. Celle qui sera proposée chez IVOIRE TROYES le 23 novembre est décrite dans les archives avec un fond brun pourpre couronne de fleurs dans l'intérieur, la niellure en jaune rechampi en bleu d'azur rose mat.

Localisation des 3 autres exemplaires connus de coupes Chenavard
-New York, Metropolitan Museum of Arts (inv. 2003.153) : Coupe Chenavard, 1837
A fond pourpre, nielle blanc sur fond rose, entrelacs gris, godrons verts, frise d'entrelacs peinte à l'intérieur avec guirlandes de lierre polychromes. Datée 1837. Serait celle offerte à la Reine en août 1837. En vente le 5 avril 2001 N°203 étude Tajan (est. 15 000€-18 000€), le 27 mars 2002 N°4 étude Tajan (est. 6000€-7000€) et date lue à tort 1835. Acquise en 2003.
-Paris, Musée du Louvre (inv. OA 11371) : Coupe Chenavard, date estimée 1840
A fond vert, nielle blanc sur fond pourpre, entrelacs rose, godrons rose, frise et rosace or à l'intérieur. Sans date. Serait celle offerte à Standish-Standish en 1841, donc la date estimée 1840. Acquise en 1992 auprès de la galerie Dragesco-Cramoisan à Paris.
-Vente à Londres, Bonhams, le 7 juillet 2022 N°190 (17 850£) : Coupe Chenavard, 1847
A fond bleu, nielle jaune sur fond rouge, entrelacs gris/lavande, godrons or, couronne de fleurs et rosace or à l'intérieur. Datée 1847. Serait celle offerte à Couder en 1847. »