Ivoire, le premier regroupement de maisons de ventes aux enchères en France

LIVRES ANCIENS ET MODERNES

Samedi 05 Février 2022 à 09h

Lot 436
(58 vol.) Lemarié, Henry. - 58 lettres autographes signées à l'éditeur Jean Porson, 1942-1950. Trous de...

(58 vol.) Lemarié, Henry. - 58 lettres autographes signées à...

(58 vol.) Lemarié, Henry. - 58 lettres autographes signées à l'éditeur Jean Porson, 1942-1950.
Trous de classeur - 57 pp. in-4 et 35 pp. in-8, 2 enveloppes. Passionnante correspondance, très détaillée et précise, relative à l'ensemble des livres que le grand miniaturiste, alors débutant, réalisa pour ce libraire-éditeur. On y voit le travail de l'illustrateur se faire de bout en bout depuis les premières recherches documentaires jusqu'à la maquette de l'emboîtage. La correspondance débute le 5 mai 1942 par une lettre qui fixe les conditions de leur première collaboration pour le Grand Testament de Villon : « L'illustration comprendra 165 compositions ne dépassant pas 13 cm 5 de large x 11 centimètres de haut ». Suivent le format du livre, le prix forfaitaire et celui des illustrations supplémentaires. « Le travail sera terminé avant le 1er décembre 1942 [] Je suis comme vous persuadé que notre amicale collaboration permettra l'éclosion d'un bon livre auquel je consacrerai le meilleur de moi-même. » - 17 septembre 1942 : « Le fait même que je ne vous ai pas donné signe de vie depuis longtemps est l'expression même que tout va bien. J'en suis à peu près à la soixante-dixième aquarelle et je pense pouvoir soutenir jusqu'au bout le renouvellement et la variété des sujets. » - 16 octobre 1942. Il confirme les conditions de l'illustration des Contes de Perrault dès que le Villon sera achevé et il lui donne une option jusqu'au 1er janvier 1944 pour deux autres livres qui intéressent Porson, Candide de Voltaire et les Comédies et Proverbes de Musset - 23 avril 1943. Il vient de terminer les 20 nouveaux dessins qui terminent le Testament de Villon. « J'ai pour la 2e fois alimenté Mr Vairel en bons à tirer ; il en a donc une douzaine de nouveaux comme il le désirait. J'y suis allé deux fois à l'improviste et chaque fois j'ai pu remarquer que tout le monde travaillait avec ardeur et soin à notre livre. » - 23 septembre 1943. Première grogne : « Je respecterai fidèlement mes engagements sans avoir à comparer ma rétribution à celle de confrères plus âgés, plus expérimentés, plus connus, qui ont la chance de pouvoir exécuter 3 ou 4 illustrations en une journée, alors qu'avec difficulté je peux en faire une ; les offres qui m'ont été faites récemment de plusieurs côtés m'ont d'autre part éclairé amplement sur le prix de mon travail. » - 3 janvier 1944. La guerre ne se fait pas oublier et Lemarié se met en quête pour Porson de gomme laque en paillettes « les prix, m'a-t-on dit sont en ce qui concerne ce produit, très marché noir. » - 6 février 1944. Lemarié eut vite une réputation d'érudit et il ne s'engageait dans un travail qu'après « avoir réuni la documentation complète nécessaire à tout le conte » (celui de La Belle au Bois Dormant). -12 juin 1944. Il arrive au bout de son travail, « les dessins terminés ne craignent rien, heureusement, étant placés en permanence dans un coffre Fichet et dans l'abri. » - 31 décembre 1945. Que Porson « jette un petit coup d'oeil sur les maquettes de Barbe-Bleue » et lui « fasse préparer les papiers pour aquarelles et calques de ce conte ». - 14 août 1946. Comme ceux des brodeuses les yeux des miniaturistes souffrent et Lemarié à plusieurs reprises s'en plaint « mes yeux [..] ont été fatigués par la finesse de mon travail et m'ont donné pour la première fois des maux de tête. J'ai essayé de travailler moins finement mais la qualité de mes illustrations s'en est ressentie et j'ai alors sans succès essayé une loupe et des lunettes ». - 29 juillet 1947. La Belle au Bois Dormant ayant été tirée chez lui, Lemarié donne ses impressions sur le travail du maître-imprimeur Raymond Jacquet : « vous pouvez apprécier le degré de fidélité de la reproduction des couleurs qui est scrupuleuse et aussi exacte que j'aurais pu le faire moi-même d'après mes dessins si j'avais eu les connaissances de Jacquet. Il s'efface volontiers derrière l'artiste » - Les années qui suivent la guerre restent difficiles et Lemarié a du mal à se procurer des couleurs qu'il souhaite de « toute première qualité d'avant guerre [] le prix a peu d'importance, mais toutefois il faut éviter le coup de fusil » - 13 juillet 1949. Lemarié corrigea toujours ses épreuves avec la plus grande attention, ne laissant passer aucun détail. Ainsi pour les premières épreuves de « Barbe-Bleue » : « cela va dans l'ensemble et les tons assez exacts le seront complètement après révision, l'herbe en particulier sera plus fournie et la bordure grise est bien découpée. » - 13 juin 1950. Il a terminé le dessin de l'emboîtage de Cendrillon. « Je ne suis pas fâché de l'avoir terminé, car ce fut un travail assez long et délicat non pas tant du point de vue du dessin lui-même que par la difficulté du papier assez mince et qui fatigue un peu à la gomme, et qui d'autre part se tachait à la moiteur de la main. » - 14 novembre 1950. De « cher Monsieur », nous passons à « monsieur », le ton est sec et Lemarié se dit prêt à déposer entre les mains de l'avocat de Porson 20 pages illustrées en noir de Cendrillon contre un chèque. Que s'est-il passé ? Mystère, cette lettre, la dernière de l'ensemble, se termine sur une froide « expression de mes sentiments distingués ».

Estimation : 400 € à 600 €

Galerie de Chartres
7 rue Collin d'Harleville
28000 Chartres
Téléphone : 02 37 88 28 28
Fax : 02 37 88 28 20
chartres@galeriedechartres.com