Valéry, Paul. - L.A.S. à [Madeleine Gide]. Château de L'Isle Manière St Quentin Feugerolles Manche, 28 juin 18. 4 pp. in-8. Superbe lettre amicale, botanique et littéraire écrite pendant le séjour que fit Valéry chez Eugène Lebey dont il était le secrétaire. Lyrique description du parc et de ses arbres : "je n'en ai jamais vu, ni de si grands en si grand nombre, ni de si variés, ni de si heureux et si aisés dans leurs mouvements [...] nous admirons ici (nous c'est moi) des groupes de hêtres pourprés formant octogone et assez étroitement plantés pour figurer un seul bouquet sacré, sombre, métallique (ça, c'est le défaut) frémissant de mille oracles confus à souhait, ambigus dans le vent et obscurs comme leur feuillage [...] Qu'est-ce que je fais ici ? J'écoute et j'obéis. [...]". Il a quitté Rennes, muni entre autres d'un lourd bagage pesant "le poids de vingt ans de travail improductif que j'appelle mes confitures de neurones." Il a su l'entrée en guerre du neveu de Madeleine, Dominique Drouin : "Si j'étais un poète, je ferais quelque ode en son honneur. Tout non poète que je sois, je versifie un peu sous les arbres sus-mentionnés." Il s'enquiert ensuite de Gide : "André est-il à Cuverville ? Ou suit-il les déjeuners de la Sorcière [Jeanne Muhlfeld, grande salonnière de l'époque chez qui tous allaient en s'en moquant) ?" [...] Il adresse au "Hêtre Suprême" (grand arbre de Cuverville que Gide aimait particulièrement) les amitiés des arbres de l'Isle Manière, et les siennes à Madeleine.
Estimation : 500 € à 700 €