LES DIEUX DE LA TAPISSERIE : LE 13 DÉCEMBRE 2017 À SAUMUR

Ce Triomphe de Bacchus appartient à l’une des tentures bruxelloises les plus célèbres du XVIIIe siècle. Le « Triomphe des dieux et des déesses» aurait été commandé en 1717 à l’atelier Leyniers-Reydams, probablement pour le collège juridique du «Oudburg» de Gand (voir La Tapisserie flamande du XVe au XVIIIe siècle, de Guy Delmarcel, Imprimerie nationale, 1999). Dans la série originelle, seuls cinq dieux figuraient : Mars, Minerve, Vénus, Diane et Apollon. Néanmoins, rapidement, à la vue du succès rencontré, de nombreux autres s’ajoutèrent à ce cortège. Les ateliers bruxellois tissèrent cette tenture à partir de cartons exécutés par Jan Van Orley (1665-1735), le plus grand peintre de la période Régence dans la manufacture flamande, aidé pour la réalisation des paysages par Augustin Coppens (1668-1740). Les deux artistes s’inspirèrent d’œuvres de Le Brun, Rubens et Van Dyck pour créer des scènes très dynamiques, parfaitement intégrées dans un paysage en perspective, où chaque détail est pensé et minutieusement rendu. Notre Triomphe de Bacchus offre, outre un sentiment de vie et de mouvement grâce aux personnages dansant, festoyant et pour certains se baignant en arrière-plan, une note exotique avec ce char du dieu de la Vigne, tiré par des lions à l’allure étrange.



Parfaitement conservée – même si la bordure est manquante –, cette tapisserie à chaîne en laine, trame en laine et soie, aux superbes couleurs, appartient à la même collection particulière depuis 1887. De tradition familiale, elle était conservée au palais de Bologne en 1885, lieu où mourut le prince Gian Luca Pallavicini (1697-1773). Accompagnée d’une tapisserie française d’après François Boucher, elle aurait été envoyée par Louis XV à Marie Thérèse d’Autriche, qui l’aurait offerte par la suite à Pallavicini, diplomate d’origine génoise au service de l’archidu-chesse à partir de 1733, qui sera nommé gouverneur de Milan au moment de l’affrontement avec Philippe de Bourbon pour la domination sur le Milanais. Une œuvre à la noble destinée...

GAZETTE DROUOT N° 43 DU 8 DÉCEMBRE 2017

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