






1942 - CLAUDE FARRÈRE - LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À PIERRE APESTÉGUY
Lettre autographe signée de Claude Farrère, 4 pages in-4 (21 x 27 cm) d'un texte dense, datée du 30 août 1942, adressée à l'écrivain Pierre Apestéguy où il évoque ses projets littéraires et ses états d'âme. Très bon état général, plis d'envoi, écriture très lisible.
Contenu :
Claude Farrère écrit à son ami Pierre Apestéguy, alors jeune romancier, pour donner des nouvelles à la fois personnelles et professionnelles : Il exprime une profonde reconnaissance amicale pour Apestéguy, en plein moment difficile, une "épreuve dure" liée à la maladie d'une "fiancée" de longue date. Il décrit ses projets littéraires : son nouveau roman, le futur "Job, XXe siècle", dont 2 000 lignes seulement sont alors rédigées, ainsi que ses œuvres déjà chez Flammarion - "L'Homme seul", "Fern-Errol" et "La Sonate héroïque" (qui ne paraîtra qu'en 1947). Il détaille sa méthode d'écriture, où les personnages "dictent" leur histoire, et décrit ses recherches documentaires pour ce nouveau roman, évoquant des correspondances intimes avec des jeunes filles "charmantes" pour compléter sa "documentation" féminine sur la tranche d'âge 17-22 ans. Sur un ton tantôt ironique, tantôt désabusé, il confie son projet de quitter sa villa pour s'installer au centre-ville de Biarritz, "porte à porte" avec une jeune femme qu'il qualifie de "cobaye". Le billet se conclut sur des réflexions sombres liées à la situation de guerre et aux restrictions alimentaires, où Farrère exprime une lassitude presque nihiliste : "J'ai assez de tout et j'appelle de tous mes vœux une bombe bien placée ou un beau peloton d'exécution". Une note marginale rédigée à l'encre orange complète la lettre, avec des confidences crues et un humour désenchanté sur la vieillesse et la séduction.
Contexte historique :
Claude Farrère (1876-1957), prix Goncourt 1905 pour "Les Civilisés", est, à 66 ans, depuis longtemps un écrivain confirmé : il est entré à l'Académie française dès 1935. Cette lettre illustre l'activité soutenue de Farrère dans les années 1940 malgré le contexte troublé : guerre, pénurie, et censure, qui expliquent les décalages de publication. Il est alors publié chez Flammarion : "L'Homme seul" paraît en 1942, "Fern-Errol" suivra en 1943, "La Sonate héroïque" en 1947, et "Job, siècle XX" en 1949. Elle montre aussi ses liens d'amitié avec Pierre Apestéguy (1888-1974), qui se fera connaître par la suite pour ses romans policiers et ses scénarii, et témoigne de son humour mordant et de ses confidences sans fard, oscillant entre désillusion et ironie.
Intérêt du document :
Document riche et intime, révélant Farrère au cœur de son processus créatif, alors qu'il prépare un nouveau roman qui paraîtra sous le titre de "Job, siècle XX". Une lettre d'une valeur biographique importante pour l'étude de ce roman encore en gestation à cette date. Un ton personnel, parfois cru, qui éclaire la personnalité complexe de l'auteur : entre désinvolture, lucidité, humour et désespoir.