1913-1926 - CHARLES MAURRAS - LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE ET POÈME MANUSCRIT

Lettre autographe signée de Charles Maurras, sur trois pages et demie en deux feuillets doubles in-8 (13,5 x 21 cm), à en-tête de L'Action française, à Paris le 31 juillet 1913. Très bon état, plis d'envoi, écriture relativement lisible. On joint un poème manuscrit autographe mais non signé, sur une page Grand in-8 (18 x 27 cm), daté 1926 et annotée en bas (d'une autre main) : "Écrit par mon poète un soir d'inspiration 1926". Une copie non autographe du "Colloque des morts" (publié en 1925 dans "La Musique intérieure") sur 7 pages (état moyen, déchirures aux plis) complète cet ensemble.

Contenu :
Dans sa lettre, Maurras s'adresse à un ami et correspondant fidèle. Il s'excuse de son long silence, imputé à une surcharge de travail et remercie vivement son interlocuteur pour son adhésion à L'Action française. La lettre revient sur les difficultés financières chroniques du mouvement : "Il est clair que la perte financière est notre seule difficulté", écrit-il, mais mentionne le livre du socialiste Marcel Sembat et "le jugement de H. Massis" comme devant annoncer de nouveaux éléments de succès moral et politique. Maurras insiste sur la nécessité de trouver des fonds, notant que l'appel lancé a permis de recueillir la moitié de la somme demandée, environ 50 000 francs, mais que le reste doit être trouvé par tous les moyens. Il presse son ami de mobiliser son entourage et ses relations à ce sujet. Le poème joint, non signé mais très probablement autographe (daté de 1926), livre quelques vers lyriques évoquant la mélancolie du temps qui passe : "Si ta flèche d'ambre sort de horizon..."

Contexte historique :
Charles Maurras (1868-1952), écrivain, journaliste et essayiste, fut la figure centrale du mouvement monarchiste de L'Action française, qu'il dirigea avec une influence déterminante sur la droite nationaliste française du début du XXe siècle. En 1913, au moment de cette lettre, la revue et le quotidien connaissent un essor considérable mais se heurtent à de sérieuses difficultés financières, malgré l'engagement de nombreux militants et donateurs. La référence au livre de Marcel Sembat (1862-1922), député socialiste et figure de la SFIO, souligne l'opposition idéologique directe entre nationalistes et socialistes. Le poème de 1926 témoigne d'une veine littéraire parallèle, d'inspiration plus intime et mélancolique : il a été publié dans "La Balance intérieure" (1952) sous le titre de "Petite suite impaire des saisons" mais comporte ici plusieurs variantes.

Intérêt du document :
La lettre illustre avec précision les réalités matérielles et stratégiques de L'Action française à la veille de la Première Guerre mondiale, en particulier la dépendance à l'égard des souscriptions et le rôle des soutiens individuels. L'association avec un poème manuscrit de 1926 enrichit l'ensemble d'une dimension littéraire et sensible, formant un diptyque révélateur des deux facettes de l'univers de Maurras : le combat politique et l'écho poétique.